Nicolas Richard est traducteur depuis 1990. Il traduit de l’anglais et de l’anglais
américain vers le français. Des auteurs traduits : Richard Brautigan,
Hunter S.Thompson, Jack Kerouac, Tom Wolfe, Philip K.Dick, Truman Capote, Richard
Powers.
Nicolas Richard a publié un carnet de notes autour de
son travail (chez Robert Laffont), le titre du livre est « Par instants,
le sol penche bizarrement ».
Dans son livre, Nicolas Richard explicite cette
activité qui fait du traducteur tout à la fois un écrivain, un artisan et
parfois un jongleur. Il dit qu’il n’y a aucune mécanique ou routine,
« chaque traduction a sa propre histoire »
Nicolas Richard dit que la traduction suppose de curiosité,
de vérifications scrupuleuses et d’inventivité. Le traducteur est un lecteur,
un enquêteur, un passeur, un être curieux, jamais vraiment satisfait, toujours
en apprentissage de la langue traduite, comme de sa langue maternelle.
Par son travail, le traducteur donne la parole aux
écrivains. Grace à lui on perçoit deux types de voix : la voix de l’auteur
et la voix qui se dégage d’un texte, par la syntaxe, par le rythme, par le
souffle.
Traduire c’est lire beaucoup, pas seulement le livre
qui est en cours de traduction. Le traducteur est sans cesse en quête des références
implicites des textes. Traduire c’est le pretexte de lire d’autres livres. Les
éditeurs ont besoin de lecteurs qui leurs apportent des livres et qui ne soient
pas nécessairement des agents. Il arrive que les traducteurs remplissent cette
fonction.
Un traducteur fait découvrir des
auteurs dont on parle trop peu, pour qu’ils soient lus et appreciés à leur
juste valeur.
Les défis du traducteur sont
multiples.
Pour une traduction fidèle (sans trahir), il faut
comprendre d’abord. Pour la traduction du livre « Intempéries » de
Thomas McGuane (qui se présente sous la forme d’articles sur la pêche), Nicolas
Richard avait visité un magasin spécialisé d’Issy-les- Moulineaux. Il parle
d’autres défis, par exemple faire entendre les différentes nuances du créole jamaïcan
d’Alex Wheatle, transcrire une langue qui n’existe pas, celle de l’américain
Russell Hoban ou trouver la juste onomatopée (l’onomatopée n’est pas la simple
retranscription d’un son, mais une construction mentale complexe).
Pour faire son travail il échange souvent en direct
avec les auteurs et se tourne vers les gens qui ont plus de connaissances sur
un certain sujet, ses collègues par exemple.
En ce qui concerne la maîtrise des langues (l’anglais
et le français), il pense que le français, même langue maternelle, est une
langue étrangère. Pour la maîtriser, il est nécessaire un travail continu,
« un travail au long cours qui durera jusqu’à ma mort. »
Selon Nicolas Richard, la
traduction est « d’abord un exercice de lecture, mais elle prend vite la
forme d’un jeu subtil et poétique, d’une escalade minutieuse et parfois
collective, d’une succession d’énigmes à résoudre qui racontent l’histoire et,
parfois, même la préhistoire du texte. »
Nicolas Richard partage son opinion sur ce qui manque pour la reconnaissance des traducteurs. Il faut faire en sorte que le nom des traducteurs figure sur la couverture des livres, insister pour que les traducteurs des romans étrangers soient systématiquement cités. C’est une lutte constante.
Ressources:
2. L’article de Christine Marcandier : « Nicolas Richard : Je traduis en m’amusant », publié le 4 octobre 2021 dans le magazine Diacritik. https://diacritik.com/2021/10/04/nicolas-richard-je-traduis-en-mamusant-par-instants-le-sol-penche-bizarrement/
3. L’émission de France Culture, diffusée le 6 novembre 2021 avec le titre « La main du traducteur » https://www.franceculture.fr/personne-nicolas-richard.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire